Nous sommes en 1987. Capcom décide de sortir un nouveau style de jeu: le combat en duel à mains nues, en 1 contre 1 entre 2 protagonistes prêts à en découdre pour des raisons diverses et variées ou tout simplement pour l’amour de la castagne. Ryu, Ken, Chun-Li, Dhalsim, Blanka, Sagat, Mr Bison (quelle raclure celui là!) et autres fighters font aujourd’hui partie de la vitrine vidéoludique des personnages de base des jeux de baston. Ces noms là, vous les connaissez, impossible de le nier. Des salles d’arcades au Japon, en passant par les consoles en 2D puis à la 3D, la saga Street Fighter a, contre vents et marées, fait rêver pendant plus de trois décennies de nombreux joueurs et fans à travers le monde. Nos petits doigts, fragiles et sensibles, truffés d’ampoules et de cloques en tout genres s’en souviennent encore. Les bornes d’arcade et nos pads également, à force de les martyriser frénétiquement et convulsivement avec joie et grâce. Car faire un petit « finish » avec un Hadouken pour mâter votre !#?!@!? de camarade d’à côté n’avait pas de prix. L’essentiel était là. Ca passe ou ça casse. Et à l’occasion de la sortie du nouveau titre anniversaire de la franchise « Street Fighter 30th Anniversary Collection » pour fêter ses 30 ans, je me devais d’écrire ses quelques lignes pour rendre hommage à cette saga de légende.

Street Fighter, the origins

Nous sommes donc en 1987. Le jeu de baston pur et dur était né … enfin pas vraiment, même si l’idée n’est pas totalement novatrice à cette époque puisque d’autres titres quasi-similaires étaient sortis bien avant. Karaté Champ était le précurseur en la matière en proposant le premier jeu de combat 2D en scrolling horizontal, en 1984.

La première mouture de Street Fighter était réservée aux plateformes arcade uniquement. Le choix des personnages se limitait à Ryu pour le premier joueur et Ken pour le second. Une barre de vie représentait l’état de santé des fighters et se dégradait au fur et à mesure qu’ils encaissaient des coups. Le panel des mouvements vous permettait d’enchainer coups de poings et coups de pieds avec des dégâts engendrés sur l’adversaire plus ou moins importants selon la pression exercée sur les touches de la borne d’arcade. Capcom introduisit également quelques coups spéciaux qui deviendront la marque de fabrique de la licence par la suite comme le Haddôken (décharge d’énergie), le Dragon punch (Shôryuuken) ou le Hurricane Kick. La liste des ennemis se composait de 10 personnages dont certains rappelaient sensiblement des célébrités réelles des années 80-90. L’un d’entre eux, Mike Bison (Balrog, lors des prochaines versions), dont l’apparence et le nom ressemblaient étrangement à un célèbre boxeur américain, cannibale et amateur d’oreilles fraîches. Les décors de fond, en 2D fixe, étaient colorés et assez bien réussis pour l’époque. Le jeu était une véritable petite révolution et rencontra un franc succès malgré son gameplay assez rigide et sa difficulté très élevée.

Street Fighter II, la révolution arcade et consoles

Les salles d’arcades s’apprêtaient à accueillir en 1991, quatre années après le premier opus, le célébrissime Street Fighter II. Inutile de vous décrire l’engouement suscité auprès des joueurs à cette époque. Il fut, ni plus ni moins, le titre d’arcade le plus joué de tous les temps. Etait-ce justifié? La question ne se posait même pas. Le jeu offrait la possibilité de choisir parmi 8 combattants, avec des styles vestimentaires et de combats différents. Il intègrera également une story-line pour chacun d’entre eux pour scénariser le mode principal de cette petite perle. Une nouveauté qui motivera les joueurs les plus assidus à aller au bout du mode arcade et vaincre le terrible Mr Bison. Vous aurez la possibilité d’y parvenir avec, par exemple, le premier personnage féminin crée dans un jeu de combat: la célèbre Chun-Li. Côté jouabilité, EXIT les deux malheureuses touches « pieds » et « poings » du précédent volet. Ici, vous avez six boutons dédiés (on parle toujours de la version arcade pour rappel ^^) pour enchainer vos coups et terrasser votre adversaire du jour. Le jeu se veut plus technique et rapide. Un mélange de dextérité et de stratégie défensive/offensive seront de rigueur pour vaincre. Inutile d’y aller tête baissée et tout miser sur l’attaque sous peine de se voir infliger une correction sans précédent. Mais là où le jeu est réellement impressionnant c’est au niveau visuel. Quelle merveille !!! Les graphismes sont époustouflants, les décors et arrière plans animés sont de toute beauté et fourmillent de détails. Ajoutez à cela, des thèmes musicaux mémorables propres à chacun des personnages du jeu et vous avez entre vos mains, LE jeu de combat, qui a révolutionné le genre en 1991.

Le jeu sera adapté en version console par Nintendo sur … Super Nintendo en Juin 1992. Malgré la crainte des joueurs d’un downgrade visuel important avec ce portage sur console de salon, le jeu est de toute beauté et n’a absolument rien à envier à la version arcade. Les animations sont fluides et les graphismes n’ont pas bougé d’un iota. Un pack Super Nintendo était spécialement prévu à cet effet, à un tarif de 1490 Francs, soit 230€.

L’histoire aurait pu s’arrêter ici, mais c’était sans compter sur la déferlante de suites en tout genres qui débouleront dans nos contrées dès le mois d’Avril 1992, en salle d’arcade ou sur nos consoles de salon. En voici un petit florilège.

  • Street Fighter II Prime Edition

Cette version « Prime » permettait de jouer avec les principaux boss du titre original sorti la même annéee: M.Bison, Sagat, Vega et Balrog. Une nouveauté plutôt sympa accompagné par un gameplay légèrement étoffé avec de nouveaux coups pour chacun des personnages ainsi qu’un petit lifting côté graphisme. Rien de bien révolutionnaire en soi côté technique. Mais là où le bât blesse c’est que le jeu sortira sur MegaDrive et PC Engine, du haut de ses 8 bits au lieu de la console 16 bits Nintendo.

  • Street Fighter II Turbo

Après avoir sorti sur arcade les versions Turbo et Prime Turbo, toujours en 1992, voici que Capcom se décide à sortir une version Turbo sur console (Super Nintendo et MegaDrive) avec de nouveaux coups spéciaux et une vitesse de jeu revue à la hausse pour des rythmes de combats plus soutenus et plus nerveux. Les personnages, au nombre de 12, sont strictement identiques aux précédentes versions. Pourquoi changer une équipe qui gagne?

  • Super Street Fighter II Turbo

Une version II Turbo sortie sur console en 1994 après avoir gouté aux joies du nouveau System CP2 sur arcade, au cours de la même année. Sera t-elle une simple mise à jour des précédentes versions? Je ne vais pas passer par quatre chemins, la réponse est NON !!! Celle-ci est, pour beaucoup, la meilleure de cette série (et je suis du même avis ^^). Les nouveautés sont au rendez-vous avec quatre nouveaux personnages et un boss caché: Fei Long l’expert en arts martiaux, Cammy la militaire, DeeJay le mélomane Jamaïquain, et T.Hawk le cherokee. Le boss caché n’est autre que Akuma qui fera sa première apparition dans la série. Pour l’affronter, il faudra gagner tous ses combats sans perdre un round, le tout en moins de 20 minutes. Il prendra place lors de l’ultime combat qui vous opposera avec l’habituel M.Bison. Ajoutez à cela des nouvelles tenues colorées pour tous les personnages, une vitesse de jeu accrue, la mise en place pour la première fois d’enchainements/combos, et d’un nouveau mode de jeu « Tournament » qui permettra à 16 joueurs de s’affronter pour le titre final. Vous vouliez des nouveautés? Vous êtes servis.

Outre le fait que la vitesse du jeu aie augmenté sensiblement, l’attention se portera surtout sur la barre « Super » qui fait son apparition pour la première fois. Une fois remplie, le fighter pourra déclencher une furie dévastatrice du plus bel effet sur son adversaire.

Street Fighter Alpha, la cure de jouvence

Si tout les fans attendaient avec impatience un Street Fighter III comme suite logique de la précédente version, Capcom a donné un pied de nez à son petit monde avec un arc Alpha (Street Fighter Zero au japon) … très surprenant.

  • Street Fighter Alpha Warrior’s Dream (1995)

Premier changement et non des moindres, le côté graphique, totalement bouleversé et résolument plus orienté « manga ». C’est beau à voir et les animations des personnages sont à tomber. Cependant les décors n’ont pas suscité un intérêt particulier de la part des développeurs. Je m’explique. Si chacun des personnages avait son propre stage et environnement dans les précédentes versions, ici, ce ne sera plus le cas. Un total de six stages seront disponibles, peu importe le personnage sélectionné. Le roster du jeu proposera un ensemble de 13 personnages jouables dont quelques nouveaux: Rose, Adon, Sodom, Birdie, Charlie et Dan.

Côté gameplay, pas de réels changements hormis l’apparition de l’Alpha Counter qui permet de contrer le coup d’un adversaire en étant en position de garde. Un mode Dramatic Battle est également ajouté via un cheat code dans le jeu. Il vous donnera la possibilité d’affronter M.Bison avec Ken et Ryu en partageant la même barre de vie. Un kiff de malade. Le jeu est sorti sur Playstation, Saturn et Gameboy Color avec un succès commercial certain.

  • Street Fighter Alpha 2 (1996)

Quelques mois plus tard, la version Alpha 2 (Zero 2 au japon) débarque avec un roster de 18 personnages sélectionnables dès le départ avec notamment Evil Ryu, Sakura sa disciple, Gen ou encore Rolento. Les décors/stages et thèmes musicaux propres à chacun des personnages fera son grand retour sur cette version. La limitation faite à ce sujet dans le précédent opus n’ayant pas fait l’unanimité auprès des joueurs. Capcom a été attentif à leurs attentes et on ne peut qu’apprécier la réponse des développeurs. Petite nouveauté côté gameplay, toutefois: la possibilté de générer un « Custom Combo ». Il permettra de provoquer une furie durant un certain laps de temps pour enchainer votre adversaire sans retenue jusqu’à épuisement. Notez enfin qu’une version Super Nintendo est sortie pour ce jeu, poussant la console dans ses derniers retranchements avant de prendre une retraite bien méritée.

  • Street Fighter Alpha 3 (1998) – Go for Broke !!!!!

Le meilleur Street Fighter, toutes générations confondues à mes yeux. L’édition ultime qui vient conclure en beauté cet arc Alpha en 1998. Pas moins de 25 personnages sont disponibles d’entrée plus trois à débloquer. Les newbies de cet arc sont R.Mika, Cody, Juni, Juli et Karin. Les graphismes et les décors du jeu sont splendides, les animations fluides et rapides le sont tout autant. Un véritable régal pour les rétines. Ajoutez à cela un gameplay, qui requiert toujours autant de technicité et qui vous proposera de choisir parmi plusieurs styles de combats (appelés ISMs) en début de partie:

  • Le style A-ISM fait référence au style classique de la série Street Fighter Alpha. Un style équilibré, alliant puissance des combos et défense légèrement plus faible.
  • Le style V-ISM est identique au précédent. Les attaques portées sont très light mais permettent de sortir des Customs Combos comme dans la version Alpha 2. À réserver aux joueurs les plus aguerris. 
  • Le style X-ISM fait référence au style de combats de Street Fighter II Turbo.

Sortir un combo de la mort qui tue dépendra du personnage et du style de combat adéquat sélectionné.

Un mode « World Tour » fait également son apparition et vous donnera la possibilité d’engranger des points afin de customiser vos personnages et même débloquer certains personnages comme Guile, Evil Ryu et Shin Akuma.

Street Fighter EX, what the hEX?

En 1996, les premiers jeux en 3D débarquent sur consoles 32 bits et en salles d’arcades et pour suivre la tendance des Tekken, Virtua Fighter et autres jeux de baston à la mode, Capcom se met à jour et nous balance un arc EX … qui n’a pas vraiment fait l’unanimité.

  • Street Fighter EX (1996) et EX 2 (1998) – Arcade

Il s’agit là des premiers jeux en 3D polygonal de la série avec un abandon pur et simple des principaux traits graphiques et artistiques qui ont fait le succès de la franchise jusqu’ici. Le gameplay reste identique aux précédentes versions pour ne pas trop s’éloigner des origines de la série. Si dans le fond, le ressenti d’avoir un Street Fighter entre les mains est là, ce n’est pas le cas sur la forme. Le passage à la 3D en a rebuté plus d’un, avec des graphismes, certes jolis, mais fades, sans cette explosion de couleurs et de détails qui fourmillaient dans les précédentes versions 2D. Côté roster, de nouveaux personnages font leur apparitions, avec un pouvoir charismatique qui frôle le néant. Ryu, Ken, Guile, Akuma, Zangief, Bison et Chunli tiendront quand même la baraque pour ces premiers épisodes.

  • Street Fighter EX 3 (2000)

Sorti sur PS2, le jeu ne s’en sort pas trop mal côté graphismes. En revanche, c’est leeeeeeeeeeent, trop lent quand on a gouté aux plaisirs des épisodes 2D. Ce manque de rythme et ce côté nerveux qui symbolisaient la série se sont évaporés dans la nature, on ne sait où. Seul côté positif, le roster assez conséquent avec pas moins de 30 persos disponibles et la possibilité de jouer en Tag Team avec un autre fighter et placer des attaques combinées au cours d’un combat. Sans saveur avec une sensation d’amertume. L’aura de la licence commence à faiblir …

Street Fighter III, le retour du roi?

  • Street Fighter III New Generation (1997) – Arcade

Le troisième épisode tant attendu par tous les fans de la série pointe enfin le bout de son nez ! Ce volet « New Génération » ne compte plus que Ryu et Ken comme personnages connus, sur les douze personnages jouables. Côté animation, les développeurs ont assuré: graphiquement abouti, le jeu est fluide, beau et rapide. Exit les gros pixels pas beau et place à la bonne vieille 2D ultra détaillée, bref tout ce qu’on aime. Côté jouabilité, quelques nouveautés font leurs apparitions: on retrouve les Super Combos nommés ici « Super Arts », la possibilité de sauter plus haut ou de « dasher », mouvement horizontal permettant au fighter d’effectuer un déplacement rapide vers l’avant ou vers l’arrière. Le jeu se révèle assez difficile et ne sera à mettre qu’entre les mains de puristes et/ou chevronnés du pad à la technique irréprochable. Un bon Street, pas exceptionnel, mais dans la lignée de ce que les joueurs attendaient, suite au passage à vide de l’arc EX.

  • Street Fighter III Second Impact-Giant Attack (1998) – Arcade et Sega Dreamcast

Cette nouvelle suite est un simple upgrade du précédent volet. Rien de particulier à se mettre sous la dent hormis l’ajout de deux nouveaux personnages: Hugo le géant allemand de la série Final Fight, Urien le frangin à Gill. Le gameplay intègrera l’ensemble des attaques EX, permettant au joueur d’infliger des dégâts considérables en appuyant sur deux touches simultanément au lieu d’une seule. Le jeu est sorti en salle d’arcade et sur Dreamcast.

  • Street Fighter III Third Strike (1999) – Arcade, Dreamcast, XBOX, PS2

Sorti initialement en salle d’arcade en 1999 avant un portage sur consoles new-gen (128 bits) en 2000, le troisième et dernier volet de la série conclut de fort belle manière cet arc, qui, il faut l’avouer n’était pas gagné d’avance dans le coeur des fans. Pour boucler la boucle de la saga, Chun-Li fera son ultime retour et quatre nouveaux personnages intégreront le roster du jeu: Twelve, le chewing-gum humain, Makoto experte en arts martiaux, Q le robot, Remy le petit frenchie (cocorico!). Les animations sont à couper le souffle et les décors pour chacun des personnages sont tout simplement bluffants. Le système de combat reste classique et demandera beaucoup de dextérité aux joueurs. Autant dire que si vous êtes plutôt un joueur « casual », passez votre chemin. Le jeu se révèlera être particulièrement difficile, voire impossible, pour venir à bout du boss final.

Street Fighter IV et V et les crossover (Marvel vs Capcom etc)

Afin de rester dans la ligne éditoriale et dans l’esprit du site nostalgeek, les épisodes 4 (2008) et 5 (2016) de la série ne seront pas décrites ici car beaucoup trop récentes à mon goût, même si le reboot de la série est clairement réussi et mérite que l’on s’y attarde avec plus d’attention. Quant aux crossovers (Marvel vs Capcom etc), je n’ai pas jugé cela intéressant d’en parler afin de faire un focus exclusif sur l’univers de la saga principale uniquement.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, la saga Street Fighter est intemporelle. Est-ce le meilleur jeu de baston au monde, toutes époques confondues? Clairement OUI sans hésiter. Que l’on ait découvert la saga dès la sortie dans les années 90 ou grâce aux réadaptations et reboots actuels, les différents jeux liés à la série n’ont pas pris une ride et c’est toujours avec une certaine émotion et quelques pansements pour les doigts de côté que l’on reprend le pad en mains pour s’enjailler sur quelques rounds, en solo ou entre amis. L’aspect artistique, pour ses graphismes et personnages charismatiques et l’aspect technique pour son gameplay novateur et inimitable en font une licence culte que tout amateur de divertissement vidéoludique se doit d’avoir joué au cours de sa vie. La série est actuellement toujours en cours et nul doute que Capcom saura nous réserver encore quelques belles surprises à l’avenir. 

Le kiff de la rédac’ Nostalgeek

Kapt’N Dr Debilotnik
Personnage préféré
Jeu préféré Street Fighter Alpha III (PS1) Street Fighter II Turbo (SNES)
Thème préféré Guile (USA)  Zangief (USSR)

 

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